Rencontre avec Emmanuelle Laborit de l'IVT
Actualité
Mise à jour le 05/10/2021
L’International Visual Theatre (IVT) fêtait en mai 2017 ses 40 ans d’existence. Sa co-directrice, la comédienne-auteure-metteuse en scène Emmanuelle Laborit, révélée au grand public en 1993 avec son Molière de la révélation théâtrale, évoque avec passion ce lieu de promotion de la langue des signes française (LSF).
Présentez-nous l’International Visual Théâtre…
C’est un lieu ressource sur la langue des signes française. Nous accompagnons des compagnies émergentes, nous accueillons des artistes en résidence, nous réfléchissons sur les arts visuels sans parole et offrons une programmation dans ce sens. Nous sommes enfin un lieu de formation à la LSF. Tout le monde peut venir ici, sourds comme entendants. L’important, c’est le partage.
À quel type de spectacles peut-on assister?
Ce sont des spectacles hybrides, parfois bilingues. Il s’agit toujours de croisements entre la langue des signes et une forme artistique (théâtre, danse, marionnette, cirque, etc.). Il faut qu’il y ait quelque chose à voir avec le travail du corps. Surtout, nous voulons susciter une réflexion autour de la culture sourde. Les spectacles doivent être accessibles à tous.
Comment avez-vous découvert le théâtre?
Grâce à l’IVT, lorsque j’avais 7 ans. Nous étions installés dans les salles moyenâgeuses du château de Vincennes à l’époque. Nous étions clandestins, car la LSF était alors interdite*. Elle l’a été pendant 100 ans! J’ai eu de la chance, j’ai rencontré les bonnes personnes, comme Ralph Robbins [comédien américain, ndlr] qui m’a appris le théâtre.
Comment expliquez-vous que vous soyez l’unique lieu en France dédié au spectacle en LSF?
Notre langue est encore jeune. Elle n’a été reconnue qu’en 2005 avec la loi pour l’égalité des droits et des chances. Douze ans plus tard, seuls 5% des enfants sourds bénéficient d’un cursus scolaire intégral en LSF. C’est trop peu. On aborde trop la surdité comme un problème de santé et le regard que l’on porte en France sur la différence n’évolue pas vite.
Rappelons donc que grâce à l’IVT, de nombreuses personnes peuvent apprendre la LSF…
Oui, nous accueillons en moyenne 1000 stagiaires par an. Notre objectif est de leur apprendre à penser directement en LSF en mettant le visuel au centre de l’apprentissage dans un monde où le son est omniprésent.
Vous allez célébrer les 40 ans de la création de l’IVT du 9 au 13 mai 2017. Qu’avez-vous prévu à cette occasion?
Cinq jours de festivités ! Nous porterons un regard sur notre passé avec des témoignages de ceux qui ont milité pour la reconnaissance de la LSF. Il y aura bien évidemment des spectacles. Moi-même, je présenterai un extrait d’un spectacle dans lequel je joue et qui sera programmé cet automne. Nous annoncerons aussi officiellement la mise en place de masterclass du spectacle. Un sourd, pour accéder au métier de comédien, doit aujourd’hui passer par une structure classique. Il a donc besoin d’un interprète. Cela coûte très cher et c’est souvent compliqué. Je me suis dit qu’avec notre expérience à l’IVT, il était temps de transmettre.
* La LSF a été interdite en France jusqu’en 1977, enseignée à partir de 1991 et reconnue officiellement par la loi en 2005.
International Visual Theatre
7 Cité Chaptal 75009 Paris
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