Dans les coulisses du Cirque Electrique

Actualité

Mise à jour le 14/03/2017

Cirque Electrique
Nous avons tenté de percer le mystère d'un lieu que nous aimons beaucoup: le Cirque Électrique. Nous ne savions pas vraiment ce que nous allions découvrir de ce cirque punk et queer. En tous cas, nous n'avons pas été déçues du voyage…
Il est 18h, Valérie, qui s'occupe de la presse, ne sera pas là. C'est Tristan, de la diffusion, qui s'occupera de nous. Veste seventies, raie sur le côté et petites lunettes, Tristan nous accueille devant l'entrée des artistes et nous invite à un petit tour. Il ne le sait pas, mais par sa personnalité et son élégance particulière, Tristan nous a déjà embarquées dans l'univers du cirque alors que nous sommes encore dehors. "Le directeur Hervé Vallée n'est pas encore là, vous le verrez ensuite", nous promet-il.

Le tour du chapiteau

Nous traversons la cour, nous sommes déjà venues, nous connaissons l'ambiance de cet endroit, les restes de cirque, les bouts de manèges, les caravanes… Soudain, une musique tonitruante vient perturber notre contemplation. "C'est une répétition?" Derrière nous, à côté des toilettes, une porte est ouverte, un groupe de rock fait ses balances pour le concert du soir. "C'est l'Anti Club, une salle de concert à part que nous mettons à disposition de groupes et d'associations", nous rassure Tristan.
Les bureaux sont au fond, après les toilettes. Nous pénétrons au cœur d'un joyeux bazar, du matériel de bureau standard, mais aussi des éléments de déco, des bouteilles de vin, des patins à roulettes… "Nous sommes quatre à bosser ici à plein temps", nous crie Tristan. Il faut dire qu'on est aux premières loges pour écouter l'Anti Club.

"Vous connaissez notre école de Cirque?" Tristan nous emmène vers un nouveau chapiteau. On y donne un cours de souplesse pour adultes, Clémentine et moi nous lançons un regard complice: nous touchons à peine nos pieds du bout des doigts. "Mais il y a également des cours pour enfants, des stages… Nous avons plus de 700 inscrits!"

Entrons dans l'arène

De retour à l'extérieur, un camion roule entre les chapiteaux et nous fonce dessus! Il est conduit par une petite fille, qui doit avoir cinq ans, et un chien nous toise par la fenêtre. "C'est Hervé", explique Tristan, "il est allé chercher sa fille à l'école." Quand on lui demande si on peut le suivre, Tristan panique: "oh là, n'allez pas nous l'énerver avant le spectacle!" Nous comprenons qu'Hervé Vallée, le directeur artistique du cirque, habite une de ces caravanes et qu'il a son petit caractère.
Nous rejoignons donc le chapiteau principal, celui du spectacle. Pour l'occasion, une partie des cuisines s'est déplacée vers les coulisses. Ce soir, pour "Le Cabaret Électrique" nous pourrons manger et boire en regardant le spectacle.
Sur la piste, nous devinons les artistes. Certains sont partiellement en costume, ils discutent, rigolent, d'autres s'échauffent. On dirait une bande d'ados un soir de Mardi gras. C'est très impressionnant, comme une rentrée des classes au milieu des plus cools du lycée. Puis le groupe se disperse, et chacun s'affaire à gauche à droite, derrière le bar, sur les tables, à la cuisine…

Liberté, égalité, fraternité et créativité

Ici, chacun met la main à la pâte, "si on doit nettoyer les chiottes, on le fait!" nous confirme Pierre. Ce grand blond avait déjà attiré notre regard lorsque nous sommes arrivées, il dansait assez follement, sur des talons très hauts. «Ça fait un an que je suis là, avant j’étais serveur et barman. J’ai fait une formation et effectué un stage, c’est comme ça que j’ai connu le cirque électrique et ils m‘ont embauché. Avec J-B, on officie au bar et au resto mais pas que, on monte le chapiteau, on apprend sur la tas, on habite même ici."
J-B, c'est le musicien. Pendant le spectacle, il jouera en live. "Quand je suis venu à Paris, c’était pour bosser sur mon mémoire qui portait sur la contre-culture. J’ai suivi des études d’Histoire de l’Art et ici j’apprends à percer, monter. C’est comme une anti-spécialisation mais sans pour autant être amateur!"
Et puis, on nous présente le M. Loyal du cabaret. Kiki Picasso. Il ne vient pas du cirque mais des Arts graphiques. Peintre dessinateur, c'est en collaborant avec la Revue Hey! qu'il a rencontré le Cirque Electrique. "Mais ça ne me change pas, le cirque c'est un média, ici on s'exprime!" Chaque jour, Kiki a un invité sur scène à qui il offre sept minutes pour dire ce qu'il veut.
Sur la piste, un homme grimpe en haut du mât chinois, il se lâche, se rattrape au dernier moment. Clic, je tente une photo. "Attend, je vais le refaire pour toi! Raul vient du Brésil, un bel homme, avec un accent de surcroît. "Mon histoire est un peu triste parce que j'ai dû quitter ma famille très tôt, il fallait que je trouve ma place, j'étais déjà clown." C'est dans la rue que Raul a vraiment appris son métier. "Il fallait accrocher le public et le faire rester, c'est la meilleure école."

Raul s'entraine, Cirque Electrique
Il y a quatre ans, alors qu'il rentrait d'Allemagne, Raul s'engouffre sur le périph' et se trompe de direction. Il aperçoit un chapiteau porte des Lilas, et décide de s'y arrêter juste pour voir. Il est minuit, le spectacle est terminé. Il rencontre alors le metteur en scène, Hervé Vallée, au bar. En cinq minutes, c'était plié: il travaillait dès le lendemain pour le cabaret.

A la recherche du metteur en scène

Hervé Vallée se fait attendre, on nous emmène dans les coulisses. Des portraits d'hommes politiques jonchent le sol. "C'est pour le stand de paintball", sourit Tristan. Nous sommes sur le bord du chapiteau principal, dans une sorte de couloir. Une tringle déborde de costumes, 90% proviennent de fripes et de récup' en tout genre. Au fond, les artistes ont commencé à se maquiller et à s'habiller, ils ne s'inquiètent pas de notre présence, même ceux qui se dénudent. Nous sortons.
Clémentine et moi continuons à papillonner de gauche à droite, à faire des photos, à rencontrer des gens. Régulièrement, Tristan annonce qu'il va chercher Hervé, mais il revient seul à chaque fois. Hervé, existe-t-il vraiment?
Le spectacle va bientôt commencer, soudain Hervé arrive et nous entraîne à l’écart. Nous avons 10 minutes debout dans la cuisine. Comment en est-il arrivé là? "Depuis tout petit, j'ai la passion du cirque. A 14 ans j'ai fait un stage chez Fratellini et plus tard du spectacle de rue. J'ai fait un an chez Michel Nowac au Noctambules et il m'a carrément donné un chapiteau, j'avais 23 ans." Mais Hervé n'aime pas trop qu'on le désigne comme chef. "C'est plutôt un collectif parce qu'on ne fait rien tout seul!" Les spectacles sont donc créés collectivement: "j'ai toujours une idée de base, un message ou une émotion et puis chacun apporte ses idées, ensuite on trie. La création se fait un peu toujours dans l'urgence, c'est ce qui donne de la fragilité au spectacle."

Le cirque, c'est le monde des possibles.

Hervé Vallée
Comme les autres, Hervé a plusieurs casquettes, "Je suis metteur en scène, musicien, je fais aussi quelques numéros, comme Tapman et du trapèze."
Comme Pierre et J-B, il habite le cirque avec sa famille, un mode de vie particulier rythmé par les tournées. "Ce qu'on aime nous, dans cette vie nomade, c'est la liberté et rencontrer des gens aussi. Avec le cirque, ils viennent facilement à nous. Il n'y a pas de porte sous un chapiteau."

Place au spectacle

Pour gagner des places pour ce spectacle:

Jeu
Fanfare décadente au Cirque Électrique
Publié le mardi 29 septembre 2020

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