Une balade sur les pas de Robert Doisneau
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Mise à jour le 04/10/2021
Sommaire
Entre 1930 et 1990, le photographe humaniste a battu les pavés de la capitale ainsi que de sa proche banlieue. Un témoignage unique.
Robert Doisneau naît en 1912 à Gentilly (Val-de-Marne) et grandit au milieu de l’odeur des tanneries de la Bièvre, rivière aujourd’hui recouverte. À 13 ans, il suit des études de graveur-lithographe à l’école Estienne (13e) et entre dans la vie active en dessinant des étiquettes pharmaceutiques.
Très tôt, il se tourne vers la photographie. Timide, il préfère prendre pour sujets la poésie des terrains vagues et l’innocence des enfants. C’est chez le photographe André Vigneau, dont il devient opérateur en 1931, qu’il apprend les rudiments de son futur métier. En 1934, il intègre les usines Renault à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) et réalise des clichés industriels pendant cinq ans. Malgré la réticence de son père, il débute sa carrière après la guerre dans l’agence de photographie Rapho.
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Il guette l’anecdote et le détail cocasse
Dès 1946, Doisneau réalise de nombreux reportages sur la capitale. Installé à Montrouge (Hauts-de-Seine), place Jules-Ferry, il part chaque matin pour la capitale, son Rolleiflex autour du cou. Il dit alors que Paris « est un théâtre où l’on paie sa place avec du temps perdu ». Place de la Concorde (8e), Doisneau saisit le ballet des passants, comme l’illustre sa célèbre série sur les piétons.
À la fois au cœur de l’action et à distance de son sujet, il guette l’anecdote, le petit geste du quotidien et le détail cocasse. Le photographe aime flâner dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés et pousser la porte des cafés comme le Flore (6e), où se côtoient les artistes. Il photographie ainsi Simone de Beauvoir en train d’écrire sur un coin de table au Deux-Magots (6e), mais aussi Camus et Sartre. Au Terminus du Châtelet (1er), il retrouve son ami le violoncelliste Maurice Baquet pour faire une pause, avant de reprendre ses déambulations.
Quand Doisneau ne travaille pas sur le vif, il utilise la mise en scène. Ainsi, en 1950, il réalise pour le magazine américain Life Le Baiser de l’Hôtel de Ville, rue de Rivoli (4e), avec l’aide de deux figurants. « Pêcheur d’images plutôt que chasseur », comme il se définit lui-même, Doisneau est un homme patient, tout comme ses Pêcheurs au pont de la Tournelle (1951). Il immortalise ainsi les quais de Seine jusqu’au bassin de la Villette (19e), en passant par le canal Saint-Martin (10e, 11e).
Mais c'est dans les quartiers populaires, là où est palpable la sueur du travail, que Doisneau préfère poser son regard et son appareil. Des Halles transformées depuis 1979 en forum, il ne nous reste que ses clichés. Entre 1953 et 1979, Doisneau se lève à 3 heures, et part de Montrouge pour se rendre parmi les travailleurs de l'aube. Avec son regard d'ethnologue, il fixe sur le négatif des ambiances et des visages qui appartiennent déjà à un autre temps : les « forts des Halles » aux tabliers ensanglantés, les marchandes des quatre-saisons…
Sensible à la beauté des pierres
Doisneau se passionne aussi pour les passages couverts de Paris. Passages Jouffroy (9e), du Prado (10e), des Panoramas (2e)… Sensible à la beauté des pierres, il remet en valeur cette architecture de fer et de verre. Il choisit pour décor les grands moments et photographie le soir qui tombe sur le pont Alexandre III, le Grand Palais (8e) sous la neige ou encore la tour Eiffel (7e). Doisneau aime aussi retrouver le calme du jardin des Tuileries (1er), l'intimité du parc Monceau (8e) ainsi que la compagnie silencieuse des statues qui les habitent. Qu'elle soit de chair ou de pierre, Paris est absorbée par Doisneau. Cependant, l'artiste ne s'est jamais éloigné de la banlieue.
Des villes en mutation
La banlieue, disait-il, « c'est l'endroit où naissent de nouvelles formes d'expression ». À Gentilly, il photographie la balade du dimanche mais aussi les HBM (habitations à bon marché) comme l'illustre le cliché Les Vingt Ans de Josette (1947). À la fin de sa vie, il revient capturer le décor de son enfance avant qu'il disparaisse, témoignant ainsi des mutations. En 1986, il photographie la ville nouvelle de Saint-Denis. Quand Doisneau décède en 1994, il a acquis une grande notoriété. Aujourd'hui, l'ancienne demeure familiale de Montrouge est un lieu de conservation de son oeuvre. Baptisée Atelier Robert-Doisneau, elle abrite 450 000 négatifs, témoignages d'un époque si proche et si lointaine à la fois. Le photographe reste plus que jamais, comme le disait Doisneau lui-même, « celui qui offre des images quotidiennes que l'on ne voit plus à force de passer devant ».
La maison Robert-Doisneau à Gentilly
Depuis 1996, l'hotêl du Paroy, à Gentilly (1994), accueille la Maison de la photographie Robert-Doisneau. Le lieu propose des expositions photographiques, monographiques et thématiques. La programmation d'inspiration humaniste rejoint les thèmes chers à Doisneau.
Maison de la Photographie Robert-Doisneau - 1, rue de la Division du Général-Leclerc, Gentilly (94250)
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